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Une héroïne ordinaire dans son travail

Vivre aux côtés d’une infirmière au travail et découvrir tout ce qu’elle vit et accomplit, c’est ce que propose le film de fiction suisse «En première ligne», qui sortira le 25 février dans les cinémas de Suisse alémanique et le 11 juin en Suisse romande. Pour sa réalisatrice Petra Volpe, il s’agit d’une déclaration d’amour aux infirmières et à leur engagement.

Texte: Nicole Eggimann / Photos: Zodiac Pictures

 

Chercher une représentation passionnante et précise des soins infirmiers dans le paysage des films et des séries, mission difficile. L’organisation à but non lucratif «The Truth About Nursing», qui récompense chaque année les meilleures représentations des soins infirmiers dans les médias, a trouvé dans «Call the Midwife» et «Virgin River» deux bons exemples de séries qui reconnaissent aux infirmières des connaissances spécialisées et des prestations indépendantes. Avec son nouveau film «En première ligne», la réalisatrice et scénariste suisse alémanique Petra Volpe accomplit un grand progrès. Elle place le public dans les chaussures d’une infirmière et lui fait vivre et ressentir un service réaliste. A la fin du film, la spectatrice ressent de l’épuisement car elle a l’impression d’avoir travaillé toute la journée. Elle sait maintenant ce qu’un manque de personnel infirmier signifie pour les patients: au mieux un peu de retard, au pire la mort. Non pas parce que l’infirmière est inefficace, trop peu compétente ou lente, mais parce qu’une personne ne peut tout simplement pas être à plusieurs endroits à la fois. Le film offre au public une nouvelle perspective, et les soins infirmiers le méritent depuis longtemps. C’est encore plus précieux en cette année 2025 où le Parlement se prononcera sur la deuxième étape de la mise en œuvre de l’initiative sur les soins infirmiers. Les personnes – dont, nous l’espérons, de nombreux politiciens et décideurs – qui regarderont le film comprendront qu’il y a une différence entre attendre une demi-heure de plus au restaurant ou dans un service d’assistance téléphonique, par exemple, et voir quelqu’un souffrir ou même mourir parce que personne n’est là pendant cette même demi-heure, la faute au poste qui n’a pas pu être pourvu.


Focus sur les soins infirmiers


Au centre de cette captivante histoire il y a Floria, l’infirmière incarnée par Leonie Benesch, actrice allemande bien connue et plusieurs fois primée. Pleine d’entrain, Floria commence son service de fin de journée dans un service de chirurgie viscérale d’un hôpital suisse – avec de nouvelles baskets qui seront un peu abîmées à la fin de la journée, tout comme Floria. Le service, où l’on peut voir de véritables infirmières et infirmiers dans de petits rôles secondaires, est plein à craquer mais en sous-effectif. Floria, sa collègue ainsi qu’une étudiante se répartissent les responsabilités. Dès le début, le planning est bouleversé par l’arrivée tardive d’un patient qui doit être opéré et qui ne fait aucun effort pour se dépêcher, trop occupé par ses  appels téléphoniques. Chaque porte de chambre cache un destin et une histoire. Ici, une mère gravement malade se demande s’il vaut la peine de subir une nouvelle opération. Là, un homme âgé et seul attend désespérément son diagnostic et s’inquiète de ce que deviendrait son chien s’il n’était plus là. Un patient exigeant et tout aussi impatient demande qu’on s’occupe de lui, tandis qu’une femme âgée démente est perturbée et désespérée par l’appel téléphonique de sa fille. Dans une scène touchante, Floria chante «La lune s’est levée» avec la femme agitée, qui se calme immédiatement. Compétente et expérimentée, l’infirmière fait preuve d’une grande humanité en accomplissant ses tâches l’une après l’autre, prenant le temps nécessaire, qu’elle n’a pas vraiment, pour ses patients et leurs problèmes médicaux, infirmiers et personnels. Elle est sans cesse interrompue par de nouvelles tâches, le rythme et la pression augmentent sensiblement d’heure en heure. «Impossible qu’elle tienne le coup», pense-t-on en la regardant accomplir son travail, toujours gentille, mais désormais un peu pressée. Alors ce qui devait arriver arrive, Floria commet une erreur ...

 

 

L'incarnation des soins infirmiers


Leonie Benesch donne vie à Floria sans qu’on ait l’impression qu’elle joue. Elle est véritablement cette infirmière extrêmement compétente qu’en tant que patiente, on voudrait avoir près de soi. Elle montre la diversité, l’intérêt et l’importance de ce métier, sans oublier son côté héroïque. Le titre original du film, «Heldin», signifie «héroïne» en français. Pour la réalisatrice Petra Volpe, l’héroïsme ne réside pas dans des personnages imaginaires, mais dans le fait de conserver son humanité même sous une forte pression. Elle a mené de longues discussions préalables avec des infirmières et fait des recherches dans un hôpital. Elle dit qu’elle fait souvent des films là où il y a une forme d’injustice, où quelque chose la met en colère. «Plus j’en apprenais sur le sujet, plus mon cœur brûlait pour les infirmières. Je voulais leur rendre hommage, aux personnes, mais aussi au travail en lui-même.»
Elle a réussi. Car il ne s’agit pas seulement de dénoncer les dysfonctionnements du système. Le film offre aussi du suspense, une histoire captivante et un excellent divertissement. Et pour une fois, les infirmières et leur travail sont sous les feux de la rampe. Celles qui doivent habituellement garder un œil sur tout se retrouvent pour une fois au centre de l’attention et sont elles-mêmes vues.

 

  • L'article complet avec des interviews de la réalisatrice Petra Volpe et de la conseillère spécialisée Nadja Habicht est à lire dans le magazine en ligne ou dans l'édition imprimée du journal.
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