Campagne de votation
Lancement de l'initiative populaire en 2016
L'ASI s'est battue depuis plus de vingt ans pour la reconnaissance de ce domaine de responsabilité propre aux infirmières et infirmiers et donc pour la revalorisation de leur profession. Il n'a pas été possible d'obtenir des améliorations par la voie parlementaire. L'ASI a eu recours à l’ultime moyen politique – l'initiative populaire. Elle a décidé de lancer l'initiative populaire et de faire voter la population sur les soins infirmiers. L'«initiative sur les soins infirmiers» était née.
Dépôt des signatures – l'initiative a abouti
Dès le début, la population s'est rangée du côté des infirmières et infirmiers. Elle a reconnu que l'initiative était aussi une initiative sur le système de santé. En seulement huit mois de collecte, les 120'000 signatures ont pu être déposées à la Chancellerie fédérale le 7 novembre 2017.
Phase parlementaire
En mars 2018, le Conseil fédéral a annoncé qu'il ne soutiendrait pas l'initiative sur les soins infirmiers et n'élaborerait pas de contre-projet direct. L'ASI a poursuivi son travail de lobbying intensif au Parlement et ses actions dans la rue. L'objectif était d'obtenir un contre-projet indirect, qui aurait mis en œuvre les revendications au niveau de la loi, ce qui aurait été la voie la plus rapide.
Les politiciennes et politiciens législatifs (Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national) n'ont pas partagé la position négative du Conseil fédéral. Ils ont élaboré un contre-projet indirect qui a été approuvé le 18 juin 2021 par l’Assemblée fédérale réunie (Conseil national et Conseil des États). Le contre-projet prévoyait premièrement une offensive de formation, deuxièmement il reprenait également le domaine de responsabilité propre, c'est-à-dire l'exigence de l'initiative parlementaire Joder, qui était à l'origine de l'initiative sur les soins infirmiers. Il manquait cependant des mesures visant à améliorer les conditions de travail et à introduire une dotation en personnel comforme aux besoins. Deux éléments nécessaires pour que les infirmières et infirmiers restent dans la profession. Cela n'a pas convaincu le comité d'initiative composé de 26 personnes. Le peuple suisse a dû trancher.
L'initiative sur les soins, c'était nous toutes et tous
La conception de la campagne de votation a commencé en juillet 2021. Les arguments ont été testés au moyen d'un sondage quantitatif auprès de 1007 personnes ayant le droit de vote et la campagne a été simulée dans trois groupes de discussion. De plus, on a analysé les «cantons charnières» qui étaient critiques pour la majorité des cantons. Les résultats ont été pris en compte dans la conception de la campagne.
Décisifs pour la campagne: les soignants eux-mêmes. Dès mars 2021, ils se sont organisés en 150 comités locaux sous la direction de l'ASI. Ils sont apparus en public et ont convaincu la population de voter «OUI» grâce à leur connaissances et à leur enthousiasme. L'ASI a assuré une présence importante dans les médias sociaux avec des ambassadeurs et ambassadrices (testimonials). En tant qu'association professionnelle, l'ASI a nettement renforcé son travail médiatique depuis la pandémie. Elle a fondé ses arguments sur des faits et a renoncé à la polémique.
L'effort a porté ses fruits: le 28 novembre 2021, l'initiative a été acceptée par plus de 60% des voix et à la majorité quasi unanime des cantons.
Trois motifs principaux ont motivé ce vote: la pénurie de personnel déjà existante (avant la pandémie), le renforcement à long terme et la valorisation de la profession infirmière ainsi que la pandémie de Covid. Chez les personnes qui ont rejeté l’initiative, ce sont surtout les arguments contre l'ingérence de l'Etat qui ont été déterminants (par exemple, que la profession n'ait pas sa place dans la Constitution), elles étaient en faveur du contre-projet ou contre le fait de privilégier les soins infirmiers par rapport à d'autres professions (gfs.bern, 2021).