Evolution et transformation: préparer les défis de demain
Accès aux soins, éthique, transformation numérique, changement de comportement et science ont été les sujets principaux du congrès annuel de l’ASI. Le débat politique sur la mise en œuvre de l’initiative sur les soins et la situation de la nation des soins infirmiers a captivé le public autour de cette brûlante question: «Quand les choses vont-elles enfin s’améliorer?»
Texte: Nicole Eggimann, Photos: Martin Glauser
L’ambiance était joviale lors de l’ouverture des portes du congrès au Kursaal de Berne, jeudi matin 20 avril, où un bon millier de personnes allaient participer physiquement ou en ligne, sur deux jours, à la grande rencontre annuelle des soins infirmiers suisses organisée par l’ASI.
Riche en contenus avec des présentations, des ateliers, des stands d’exposants et de sponsors, et bien entendu des actrices et acteurs des soins, le congrès a suscité de nombreuses pistes de réflexion ainsi que des opportunités d’échanges et de réseautage durant les pauses. Dix-sept mois après le «oui» à l’initiative sur les soins, les participants se posaient la même question essentielle: «Quand notre situation va-t-elle enfin s’améliorer?» Ils ont reçu des pistes de réponse.
«Ensemble nous sommes forts»
9h15. Sophie Ley, présidente de l’ASI, ouvre le Congrès suisse des soins infirmiers. «Notre métier est déterminant pour la qualité des soins et les soins de demain», dit-elle en soulignant la nécessité d’investir dans les conditions-cadre pour que la profession infirmière puisse être exercée correctement:«Ensemble nous sommes forts», encourage-t-elle Les trois premières conférences mettent en lumière plusieurs aspects de l’accès aux soins et de l’éthique. Dans quatre autres salles se tiennent des sessions et des ateliers sur une multitude de sujets – en allemand et en français. Tous les thèmes suscitent de l’intérêt, certains rendez-vous comme l’atelier sur l’hypnose captivent véritablement l’assistance.
Pendant la pause de midi, on peut se restaurer autour d’un buffet végétalien, s’entretenir à des tables hautes, discuter de ce qu’on a entendu le matin ou se laisser guider selon ses préférences personnelles. De nombreux stands de sections de l’ASI, d’exposants et de sponsors invitent à fureter et à s’informer. Les participants se promènent parmi les stands où ils peuvent humer des huiles aromatiques, tester des lunettes de réalité virtuelle, participer à des jeux-concours ou recevoir des
cadeaux. Ainsi revigorés, ils abordent le programme de l’après-midi. La première journée du congrès se termine par trois conférences sur la transformation numérique, thème présenté sous divers angles, toujours avec un accent sur les soins. Le travail de pionnière de l’Estonie, mais aussi les projets actuels de la Confédération, permettent d’envisager l’avenir avec beaucoup d’espoir.
Mise en œuvre de l’initiative: où en sommes-nous?
Le vendredi matin, les couloirs du Kursaal semblent vides, les gens ne sont pas aux stands ni autour d’un café, mais tous assis dans l’auditorium pour le débat où ils attendent impatiemment des réponses. C’est ici, dans le débat politique sur la situation de la nation des soins infirmiers, que va se discuter le sujet qui concerne et préoccupe tout le monde. «Je suis une praticienne», dit une participante, «les exposés sont intéressants, mais ici, il s’agit de moi, de mon quotidien».
Dix-sept mois après l’acceptation de l’initiative sur les soins infirmiers, nombreux sont les membres du personnel soignant à ressentir du découragement ou de la colère, à s’imaginer qu’on les a oubliés car aucune amélioration n’est perceptible dans le quotidien des soins. «Je suis content d’entendre que les choses bougent», conclut un participant. «Mais les cantons doivent aller de l’avant. Chez nous, à l’hôpital, nous agissons dès qu’un problème surgit, il faut que ce soit en un clin d’œil. Je ne comprends pas pourquoi cela prend autant de temps chez les autorités», déplore l’infirmier, reflétant le ressenti de nombreux collègues.
L’après-midi, vers la fin de la manifestation, on décerne le Prix des posters. La dernière conférence aborde les changements de comportement et la science. Les précieuses expertises de deux intervenants de renom, Sabina De Geest et Christian Abshagen, parachèvent le congrès en informant sur la responsabilité personnelle dans les thèmes de l’environnement: les participants rentrent chez eux avec la conscience que la qualité de la recherche en soins infirmiers ne vaut que par sa mise en œuvre. Les participants quittent le Kursaal avec une multitude d’impressions et quelques éléments de réponse à la grande question: «Quand notre situation s’améliorera-t-elle?» Des mesures globales pour une amélioration des conditions de travail dans les soins sont nécessaires. Une mise en œuvre rapide de l’initiative sur les soins infirmiers est tout aussi indispensable que des mesures immédiates pour améliorer les conditions de travail: entre autres des augmentations de salaire ou des réductions du temps de travail, une augmentation massive des primes d’équipe, des jours de vacances supplémentaires ainsi que des subventions pour la garde des enfants. Le développement numérique peut également apporter des facilités à moyen terme.
Nous recommandons bien sûr de participer à un congrès professionnel qui présente des suggestions et des projets issus de la pratique – certains pouvant être mis en œuvre à peu de frais. Notre Congrès suisse des soins infirmiers, qui s’est tenu pour la deuxième fois sous ce label, permet en outre d’échanger avec des consœurs et confrères, et avec d’autres institutions. L’édition 2023 été finement modérée, en plusieurs langues, par Susanne Kilian qui a guidé le public tout au long des deux journées.Comme les années précédentes, les présentations des intervenants ont été traduites simultanément en allemand et en français. Nous nous réjouissons d’ores et déjà de l’année prochaine!
Save the Date: le congrès aura lieu les 2 et 3 mai 2024 au Kursaal de Berne.
Ce point fort est paru dans le numéro 05/2023 de Soins infirmiers, la revue spécialisée de l'ASI.
La revue spécialisée en soins infirmiers paraît 11 fois par an en trois langues. Les membres de l'ASI la reçoivent gratuitement. Les autres personnes intéressées peuvent s'abonner à la revue spécialisée. Un abonnement annuel coûte 99 francs.