Une bonne lumière pour vivre et travailler
A la fois lieux de vie et de travail, les établissements médico-sociaux (EMS) doivent répondre à différentes exigences quant à leur éclairage. Pour y parvenir, il faut tenir compte des besoins des résidents et du personnel soignant – ainsi que des connaissances scientifiques.
Texte: Reto Marty, Jennifer Sippel
C’est prouvé et reconnu depuis longtemps: la lumière est bénéfique pour la santé. Une demi-heure à la lumière du jour, même par temps couvert, a déjà un effet positif. Cette expo- sition représente bien plus de 5000 lux – le lux étant une unité de mesure de l’éclairement, qui décrit le flux lumineux reçu par unité de surface. Les personnes âgées qui vivent dans les établissements médico-sociaux (EMS) n’ont souvent pas cette possibilité. Elles restent assises toute la journée à l’intérieur, à une exposition d’environ 300 lux – une sorte d’obscurité biologique. Après le déjeuner, elles s’assoupissent dans leur fauteuil. Le soir, elles ont du mal à s’endormir. Cela a un effet négatif sur leur phase de régénération pendant la nuit. De plus, leur vision change en raison de l’âge et de maladies de l’appareil visuel. L’éclairage dans les EMS peut améliorer leur bien-être. Il soutient aussi leur autonomie en facilitant leur orientation.
Soutien aux soignants de l’équipe de nuit
Un EMS n’est pas seulement un lieu de vie, c’est aussi un lieu de travail exigeant. Compte tenu de son fonctionnement jour et nuit, le personnel – et en particulier les soignants de l’équipe de nuit – doit faire preuve de beaucoup de concentration et répondre à un grand nombre de sollicitations. L’éclairage joue un rôle prépondérant pour soutenir le travail des soignants. Dans leur perspective, il doit être fonctionnel et fiable. Il contribue ainsi au bien-être du personnel, à sa motivation et à ses performances. En général, peu d’attention est accordée à cette problématique. La tendance est d’avoir trop peu de lumière le jour et trop de lumière la nuit. Le corps ne perçoit alors plus clairement la différence entre le jour et la nuit. Les processus influencés par la mélatonine sont déséquilibrés, le corps produisant trop de mélatonine le jour et pas assez la nuit, avec des répercussions directes sur la santé.
Deux hormones entrent en jeu: la mélatonine et la sérotonine
La lumière joue un rôle essentiel sur l’organisme car elle influence fortement les rythmes circadiens. Le système circadien permet notamment de produire ou bloquer des hormones. La mélatonine et la sérotonine sont deux hormones essentielles qui ont un impact sur notre humeur, notre bien-être et notre rythme biologique:
- la mélatonine fatigue, ralentit les fonctions corporelles et réduit l’activité. Elle veille à ce que de nombreux processus métaboliques soient mis en pause. La température corpo- relle baisse. L’organisme fonctionne alors en mode d’économie d’énergie. Des hormones de croissance sont sécrétées durant cette phase; elles réparent également les cellules pendant la nuit. La mélatonine est fabriquée la nuit, c’est- à-dire lorsque la lumière est faible ou inexistante.; elle est inhibée en présence de lumière;
- la sérotonine, communément appelée «hormone du bonheur», est produite par l’hypophyse (glande pituitaire) dès les premiers rayons de soleil. Elle a notamment pour effet d’améliorer l’humeur et de motiver, mais elle a aussi de nombreuses autres fonctions dans l’organisme humain. La lumière est indispensable au développement de la sérotonine.
La lumière contribue ainsi à l’équilibre entre sommeil et réveil, entre les hormones du sommeil (mélatonine) et les hormones de l’activité et de l’humeur.
Des besoins différents à concilier
Les résidents et le personnel soignant qui travaille aussi de nuit ont des besoins on ne peut plus différents en matière d’éclairage. L’enjeu dans la planification de la lumière est donc de créer un environnement dans lequel tout le monde se sente bien. Il s’agit aussi de veiller à ce que les soignants aient du plaisir à travailler tout en encourageant et soutenant leur motivation et leur concentration. Il faut également créer des zones où ceux-ci peuvent se reposer et se régénérer brièvement et où il règne une atmosphère accueillante et agréable. Dans la réalité, tout cela se passe généralement dans la salle de soins. Il faut donc prévoir des solutions qui offrent une grande flexibilité afin d’utiliser au maximum le peu d’espace disponible et de l’adapter aux différents moments de la journée et de la nuit. Pendant la journée, les soignants ont besoin d’un endroit pour pouvoir souffler un peu et se reposer. Durant la nuit, ils ont besoin d’un lieu stimulant.
Conception des sources lumineuses pour favoriser le travail 24 heures sur 24
L’être humain peut s’adapter facilement au rythme du jour s’il a un mode de vie et une routine de travail dits «normaux». Les sécrétions hormonales se font naturellement. Lors du travail nocturne, ce rythme naturel est pour ainsi dire inversé. Dans les équipes de nuit, il est donc recommandé d’activer le corps avec une forte luminosité et une lumière blanche froide afin d’inhiber la sécrétion de mélatonine. Par contre, lorsque la fin du service approche, il est recommandé de préparer le corps à se détendre avec une lumière plus tamisée et plus chaude. Pour résumer:
- la lumière blanche froide (>4000 kelvins) dont la luminosité est élevée a un effet activant et motivant; elle stimule la production de la séro- tonine, un processus favorisé lorsque la lumière provient du haut et qu’elle est uniforme;
- la lumière blanche chaude (<3000 kelvins) à faible intensité a un effet relaxant et apaise le corps; dans ce cas, il est utile d’abaisser le point lumineux (par ex. avec des lampa- daires).
Il s’agit d’éviter les contrastes élevés et les ombres importantes dans les salles de soins; à la longue, ils sont pénibles à supporter pour l’œil qui se fatigue plus vite. Il convient de pla- nifier une intensité d’éclairage douce et régulière. Des ajustements flexibles de la luminosité et de la température de couleur permettent de répondre à ces principes. L’éclairage dans la salle de soins devrait contenir différentes composantes (diffuses et dirigées) afin de pouvoir réaliser plusieurs scénarios. Des luminaires mobiles supplémentaires (lampes de table ou lampadaires) avec un certain degré de décoration complètent le concept et apportent le confort nécessaire dans des locaux généralement plutôt stériles.
Les experts en éclairage estiment qu’il est indispensable d’adapter la luminosité et la température de couleur dans les salles de soins. Ces locaux sont souvent situées à l’intérieur des bâtiments et ne reçoivent que peu ou pas la lumière du jour; il faut donc compenser ce manque par des sources de lumière artificielle.
Outre le soutien apporté aux soignants par une architecture appropriée, un arrangement intérieur adapté et une planification de l’éclairage réfléchie, il est également possible de faciliter leur travail par une conception de l’éclairage adéquate pour les résidents. Un éclairage qui favorise l’autonomie, la sécurité et l’orientation des résidents se répercute également sur leur moral et leur comportement. Si leur biorythme est soutenu par le bon choix de l’intensité lumineuse et des couleurs, ils seront actifs le jour et se reposeront la nuit. Cela permet de décharger l’équipe de nuit et se répercute positivement sur leur environnement de travail.
Conforme aux normes ne signifie pas être de qualité
Les enjeux concernant l’éclairage sont multiples et complexes. C’est un défi de concilier les besoins des résidents et ceux des soignants. Pour cette raison, il est important d’intégrer les connaissances scientifiques sur la lumière et la santé dans la planification de l’éclairage des EMS et des autres institutions de soins. De cette manière, une énorme valeur ajoutée peut être obtenue avec relativement peu d’efforts.
Bien qu’ils aient une influence essentielle sur le bien-être des résidents et du personnel, la lumière et l’éclairage ne reçoivent pas assez d’attention, pourvu qu’ils soient suffisamment «clairs». La norme européenne sur l’éclairage des lieux de travail intérieurs (DIN EN 12464-1) prescrit les exigences d’éclairage vis-à-vis des personnes présentes sur des lieux de travail intérieurs et qui permettront de satisfaire à leurs besoins de performance et de confort visuels. Mais cette norme ne tient pas compte de l’influence non visuelle et émotionnelle de l’éclairage sur les personnes. Elle précise qu’elle «ne comporte pas d’exigences relatives à l’éclairage en rapport avec la santé et la sécurité des personnes présentes sur les lieux de travail». Un éclairage conforme aux normes est donc loin de constituer un éclairage de bonne qualité.
Un bon éclairage peut également faire une grande différence dans les bâtiments déjà existants. Un nouvel éclairage et des couleurs plus claires modifient énormément la perception des locaux. L’investissement est relativement faible si les installations et raccordements électriques peuvent être repris. Il en résulte en même temps une économie d’énergie considérable. Ici aussi, il convient de planifier le projet avec soin, en faisant appel à des spécialistes éclairagistes pour obtenir le meilleur résultat possible avec les moyens mis en œuvre – pour le bien-être des résidents et des soignants.
Les auteurs
Reto Marty, architecte diplômé HES, concepteur éclairagiste.
Jennifer Sippel, planificatrice éclairagiste, dessinatrice d’intérieur.
Ce point fort est paru dans le numéro 12/2022 de Soins infirmiers, la revue spécialisée de l'ASI.
La revue spécialisée en soins infirmiers paraît 11 fois par an en trois langues. Les membres de l'ASI la reçoivent gratuitement. Les autres personnes intéressées peuvent s'abonner à la revue spécialisée. Un abonnement annuel coûte 99 francs.
Bâtonnets, cônes et «Master Clock»
Les êtres humains sont des êtres oculaires, avec plus de 80 pourcents des impressions sensorielles perçues par les yeux. La lumière et la perception visuelle constituent leur principal système d’information. Ces deux éléments ont une influence décisive sur leurs performances, leur bien-être et leur sécurité.
La lumière qui pénètre dans l’œil traverse d’abord la cornée, le cristallin et le corps vitré avant d’être captée par les cellules visuelles de la rétine et transformée en signaux électriques. Ceux-ci sont transmis par les nerfs optiques au diencéphale et au cortex cérébral de l’occiput, où se forme la sensation visuelle consciente. Les cellules visuelles – qui sont extrêmement sensibles – se trouvent sur la paroi intérieure du globe oculaire, la rétine. Environ 125 millions de bâtonnets permettent la vision claire et foncée, tandis que quelque trois à six millions de cônes servent à la vision des couleurs.
Au début des années 1990, un troisième type de cellules nerveuses a été découvert dans la rétine: les cellules ganglionnaires photosensibles. Celles-ci contrôlent l’alter- nance du réveil et du sommeil. Leur fonction n’est pas de reconnaître des images ou des motifs, mais la luminosité ambiante. En d’autres termes, elles réagissent à la longueur d’onde de la lumière, à l’intensité, à la durée et au spectre de la lumière ambiante présente. Ces cellules jouent un rôle essentiel dans le système circadien humain. Comme elles sont sensibles à la lumière, elles contribuent de manière décisive à la synchronisation de l’horloge interne. Elles transmettent leurs informations à ce que l’on appelle le noyau suprachiasmatique (NSC) dans l’hypothalamus. Egalement appelé «Master Clock», le NSC est considéré comme l’horloge maîtresse de l’organisme, car il rythme toutes les cellules du corps en synchronisant les messagers des différentes «horloges» de tous les organes du corps via des connexions nerveuses. Pour ce faire, il active ou inhibe des enzymes et fait produire ou bloquer des hormones. Ainsi, le noyau suprachiasmatique est le principal intermédiaire entre la lumière et le corps.
La vision des personnes âgées
Le vieillissement se fait fortement sentir sur l’appareil visuel, et ce très tôt: dès le milieu de la trentaine, nous avons un besoin accru de lumière pour nous sentir en sécurité. De plus, nous sommes plus rapidement éblouis en raison de la perte d’élasticité des pupilles – l’héméralopie. L’adaptation de la lumière à l’obscurité et vice-versa prend plus de temps. Comme les pupilles réagissent plus lentement, il en résulte un effet d’éblouissement temporaire. La mise au point de près et de loin diminue également avec l’âge. À partir de 50 ans environ, cette mise au point devient plus difficile. La perception de la profondeur diminue et la lisibilité des espaces se complique. Une diminution constante de l’acuité visuelle et un rétrécissement du champ visuel, voire une moins bonne perception des couleurs, font partie des autres changements qui surviennent également avec l’âge. Cette dernière a aussi une influence sur la température des couleurs. Les personnes d’un âge avancé voient mieux dans une lumière blanche froide, tandis que les personnes plus jeunes préfèrent toujours une lumière blanche chaude.
En plus des changements naturels et des limitations de l’appareil visuel, certaines maladies oculaires apparaissent plus fréquemment à un âge avancé. Outre la cataracte et le glaucome, il existe des cas de rétinopathie diabétique (troubles sous forme de taches dans le champ de vision), de dégénérescence maculaire (augmentation du flou), de rétinite pigmentaire (mort des cellules visuelles) ou d’hémianopsie (perte de la vision dans une moitié du champ visuel). A cela s’ajoutent les maladies de démence qui rendent la vision et le processus de traitement des impressions visuelles encore plus difficiles; les ombres, par exemple, sont interprétées comme des obstacles, ce qui risque de provoquer de la peur et un sentiment d’insécurité.
Si la planification de l’éclairage, de l’architecture et de l’architecture d’intérieur ne tient pas compte de ces changements, un environnement est mis en place dans lequel il est de plus en plus difficile pour les personnes âgées de se déplacer de manière autonome et de vivre au quotidien. Une bonne planification de l’éclairage, l’aménagement intérieur (couleurs, structures, effets, motifs) et un cadre calme et clair, sans facteurs perturbateurs artificiels, les aident, au contraire, à s’orienter et simplifient la lisibilité des espaces. Ils soutiennent et facilitent leur vision – ce qui peut aussi soulager le personnel soignant.
Jennifer Sippel
Orientation, confort et sécurité grâce à l’éclairage
Dans la résidence pour personnes âgées Am Schärme à Sarnen, dans le canton d’Obwald, l’éclairage a été planifié dès le début de la construction de la nouvelle maison Papillon – pour soutenir les résidents et les soins.
Texte: Reto Marty
Dès la construction de la nouvelle maison Papillon, la direction de la résidence Am Schärme à Sarnen a reconnu l’importance d’un bon éclairage. Celui-ci a été planifié dès le début en tenant compte des résidents et des soignants.
Lorsqu’un visiteur entre dans la maison Papillon depuis le parc, il est frappé par l’accueil agréable, dans une atmosphère lumineuse et chaleureuse. La lumière, qui fait ressortir les matériaux utilisés, a immédiatement un effet apaisant. Cette première impression crée un sentiment de confiance et de bien-être. L’éclairage de base dans les couloirs est généré par une ligne de lumière diffuse continue le long du mur, ce qui donne une vision calme et claire de l’espace. Cet élément linéaire guide également les personnes souffrant d’une déficience visuelle et les aide à s’orienter. Aux points de jonction et aux extrémités des couloirs, des lampes circulaires au plafond constituent d’autres points d’orientation. Des sièges se trouvent près des grands panneaux vitrés qui donnent sur une cour intérieure et laissent passer la lumière du jour.
Ils sont éclairés par de petits luminaires suspendus et permettent de faire une pause. Les salles de soins, qui disposent d’un bon éclairage de travail, se trouvent dans la zone centrale; la lumière peut y être modulée en fonction des différents besoins de jour et de nuit. D’une manière générale, l’éclairage, combiné à un éclaircissement linéaire des murs, renforce la délimitation des zones de séjour. Les plafonniers encastrés sont équipés d’abat-jour en tissu. La lumière, nettement plus chaude que dans les zones de circulation, transmet un sentiment de convivialité.
Dans les chambres: vivre et travailler en harmonie
Les chambres des résidents doivent être confortables tout en offrant des conditions de travail optimales pour le personnel soignant. Un luminaire linéaire permet d’éclairer la pièce et les armoires de manière diffuse et aussi peu éblouissante que possible. Un plafonnier recouvert de tissu assure un éclairage de base agréable qui ne crée pas beaucoup d‘ombres. Au-dessus du lit, une lumière indirecte éclaire le plafond et instaure une atmosphère agréable. En même temps, elle permet au personnel de prodiguer les soins au lit. Afin que celui-ci dispose de suffisamment de lumière la nuit, une lampe de lecture puissante et mobile est installée sur la table de nuit, ce qui éclaire correctement leur zone de travail sans éblouir le résident. Des fenêtres panoramiques en face du lit offrent aux résidents alités une vue sur l’extérieur. Pour les contrôles nocturnes, une veilleuse est indispensable; les résidents ne sont pas réveillés grâce à une lumière discrète qui éclaire en dessous du niveau des yeux. Les différents luminaires dans la chambre permettent d’avoir des solutions d’éclairage individualisées et d’adapter l’ambiance aux besoins du moment. Ils sont tous équipés de variateurs. Il faut toutefois veiller à ce que la commande reste claire, car un trop grand nombre d’interrupteurs et de variateurs peut vite prêter à confusion.
Salle de bains: fonctionnalité pour les soins
Dans la salle de bain, la lumière doit être fonctionnelle. Devant le miroir, le visage doit être bien éclairé sans être ébloui. Le luminaire est donc placé au-dessus d’un grand miroir, un peu en dehors du champ de vision. Il est complété par un plafonnier encastré qui éclaire bien la douche, même lorsque le rideau est tiré. Son caractère diffus permet de réduire les ombres et les contrastes. Grâce à cet éclairage, le personnel soignant peut aider les résidents sans faire d’ombre. En combinaison avec le carrelage clair des murs, cette luminosité facilite l’important contrôle de l’état de la peau lors de la douche.
L’effet émotionnel de la lumière pris en compte
L’exemple de la maison Papillon montre comment l’éclairage a été planifié en fonction des besoins des personnes qui y vivent et y travaillent. L’éclairage, les surfaces claires et les matériaux de qualité supérieure véhiculent l’image d’une maison moderne dans laquelle on se sent bien et en sécurité. Parallèlement, les exigences du personnel soignant relatives à son travail ont été prises en compte dès le début de la planification. Celle-ci n’a pas seulement veillé à ce que l’éclairage soit suffisant, mais a aussi pris en considération les effets biologiques et émotionnels de la lumière.
«Nous pouvons adapter la lumière aux besoins»
L’éclairage bien pensé favorise le bien-être et la sécurité, explique Jilles van Straten, responsable de l’équipe de soins de la maison Papillon, à Sarnen.
Soins infirmiers : Vous travaillez depuis quelques mois déjà dans la nouvelle maison Papillon. Remarquez-vous que l’éclairage a fait l’objet d’une réflexion approfondie?
Jilles van Straten: Oui, je le constate, tout comme les résidents, les proches et les soignants qui disent que la lumière est belle mais qu’elle n’éblouit pas. Cela n’a pas seulement à voir avec la lumière, mais aussi avec l’architecture, les matériaux, la couleur - tout y contribue.
Qu’en est-il du bien-être et de la qualité de vie des résidents?
Nous pouvons beaucoup mieux adapter la lumière aux besoins des résidents. Prenons par exemple une résidente qui aime avoir de la lumière, mais pas directement à côté de son lit – cette possibilité existe ici.
Et par rapport à la sécurité?
Bien sûr, la question de la sécurité a aussi été prise en compte. La nuit, par exemple, nous ne sommes pas obligés d’allumer tout de suite la grande lumière dans la chambre; nous avons suffisamment de visibilité avec la lumière du couloir. Ainsi, nous n’effrayons pas les résidents. Et grâce à la veilleuse avec un capteur de mouvement, la personne a toujours suffisamment de lumière en direction des toilettes, sans devoir chercher l’interrupteur.
Une lampe de table se trouve dans la chambre du résident.
Oui, cette lampe est très utile. Nous pouvons l’utiliser de manière flexible si nous devons préparer quelque chose. Elle nous permet d’être beaucoup plus souples dans notre travail. Nous pouvons aussi jouer avec la lumière. Par exemple, dans les situations de soins palliatifs, nous pouvons faire en sorte que les proches voient suffisamment sans que la personne alitée soit éblouie.
Et dans la salle de bain?
Par rapport à l’architecture de l’autre site de notre EMS, nous avons beaucoup plus de lumière et beaucoup plus d’espace. Grâce à la fenêtre entre la salle de bain et la chambre, nous avons même la lumière du jour. Mais cette fenêtre peut aussi être un inconvénient si nous avons encore du travail à faire dans la salle de bain pendant la nuit.
La lumière a-t-elle un impact sur le travail des soignants?
C'est difficile à dire. Parfois, les collaborateurs perçoivent la lumière de manière positive, parfois ils n’ont pas vraiment constaté de différence. Peut-être que la lumière se remarque moins si l’on n’y fait pas directement attention. Par contre, les soignants ont tous constaté que leur concentration ne diminue pas durant la nuit, c’est un grand avantage.
Et que disent les proches?
Ils trouvent que l’éclairage est beau. Ils ne remarquent pas du tout que c’est un grand bâtiment avec de grandes unités. Ils ont une impression chaleureuse et, bien qu’il s’agisse d’une nouvelle construction, elle n’est pas écrasante de modernité. Et à la différence d’un hôpital, c’est un lieu de vie. Nos résidents habitent ici, et c’est souvent leur dernier lieu de vie. Mais nous devons aussi pouvoir y travailler. Cela fonctionne bien dans cette maison. Nous avons une place centrale dans le service, les trajets sont aussi courts que possible. Et les résidents peuvent venir vers nous, mais ils peuvent aussi se retirer.
Interview: Martina Camenzind